Accusés de nuire à la santé mentale et physique des enfants, TikTok, Snapchat et YouTube ont tenté ce mardi de montrer patte blanche auprès de sénateurs américains. Leur tactique ? Plutôt jeter la pierre à Facebook.
Logique du moindre mal, quand tu nous tiens. Accusés eux aussi de nuire à la santé mentale des enfants et adolescents, TikTok, Snapchat et YouTube ont déployé une stratégie pour le moins osée, ce mardi, devant les sénateurs américains : tenter de prouver qu’ils s’en sortent mieux que Facebook.
En effet, début octobre, l’ancienne employée Frances Haugen accusait, documents à l’appui, le géant américain d’être au courant des effets néfastes de ses services sur une partie des adolescents qui les utilisent. Selon elle, le réseau privilégierait ainsi les profits à la sécurité de ses utilisateurs. Depuis, avec les Facebook Files, ces documents internes transmis par une source parlementaire à un consortium international de journalistes, l’entreprise de Mark Zuckerberg enchaîne les scandales. De quoi effrayer les autres réseaux sociaux qui se voient désormais, eux aussi, accusés.
Toutefois, les arguments des représentants de ces réseaux n’ont pas dupé les sénateurs. «Etre différent de Facebook n’est pas une défense», a condamné le démocrate Richard Blumenthal. «Nous voulons une course vers le haut, pas vers le bas», a-t-il ajouté. Pour ces élus, Facebook n’a pas le monopole du mal-être adolescent. TikTok, Snapchat et YouTube, eux aussi, surexposent les plus jeunes à des vies apparemment idéales d’autres personnes, sources de leurs complexes, ainsi qu’à des images et publicités inappropriées. «Davantage de paires d’yeux signifient davantage de dollars. Tout ce que vous faites sert à ajouter des utilisateurs, notamment des enfants, et à les garder sur vos applications», a ainsi asséné Richard Blumenthal.
Ainsi, le sénateur a relayé les récits de parents désarmés face à l’expérience de leurs enfants sur les réseaux, comme cette mère dont la fille a été «submergée de vidéos sur le suicide, l’automutilation et l’anorexie parce qu’elle était déprimée et cherchait des contenus sur ces sujets». Ses pairs ont aussi questionné les choix des plateformes en termes d’âge minimum, de méthodes de modération des contenus (humains et /ou algorithmes) et de protection de la vie privée.
Pour se défendre, Jennifer Stout, vice-présidente du groupe Snap, a argumenté : «Snapchat a été construit comme un antidote aux réseaux sociaux». L’application aux plus de 500 millions d’utilisateurs mensuels se distingue des autres puisqu’elle est beaucoup moins ouverte aux contenus extérieurs. Ses utilisateurs échangent principalement entre eux et ont accès, sur un fil de «découverte», à des vidéos et textes de médias, clubs sportifs, marques, etc. L’âge minimum pour y accéder ? 13 ans.
De leur côté, TikTok et YouTube ont souligné proposer des versions adaptées aux plus jeunes, avec des dispositifs spécifiques. Le service vidéo de Google a mis en avant ses efforts pour retirer les millions de contenus qui enfreignent ses règlements. TikTok a également rappelé que sa version pour les moins de 13 ans ne permet pas de poster des vidéos ou de commenter les vidéos postées par d’autres.