Facebook est accusé, par une lanceuse d’alerte, et dans une enquête du Wall Street Journal, de privilégier le profit au bien être et à la sécurité de ses utilisateurs. Retour en cinq questions sur ce nouveau scandale qui met à mal la réputation du réseau social.
Le réseau social Facebook, depuis son lancement en 2008, a connu divers scandales, comme en 2018 avec l’affaire Cambridge Analytica. La réputation du géant américain est à nouveau ébranlée depuis la fin du mois de septembre 2021 par une nouvelle crise qui le plonge dans la tourmente. On vous résume cette nouvelle affaire.
À l’origine de ces révélations, on trouve une ancienne ingénieure, Frances Haugen, qui a accusé le groupe de choisir le profit plutôt que la sûreté
de ses utilisateurs, dans un entretien diffusé par la chaîne CBS dimanche 4 octobre.
Des propos relayés et étayés par une enquête du Wall Street Journal , qui avance notamment que l’entreprise ne modère pas tous ses internautes de la même façon, qu’il a caché aux autorités ses effets néfastes sur la santé mentale des jeunes femmes, ou encore qu’il n’a pas suffisamment modéré des pages servant des réseaux de trafics d’être humains.
Frances Haugen, qui fût cheffe de produit pour Facebook, officiait au sein du département intégrité civique
de l’entreprise, chargé d’observer les phénomènes de désinformations, les questions liées à la démocratie, et d’observer la façon dont les utilisateurs du réseau social pouvaient influencer et perturber des scrutins. Ce département a été dissous le 2 décembre 2020, après l’élection de Joe Biden.
Frances Haugen démissionne cinq mois plus tard, en emportant avec elle des milliers de documents étayant ses critiques contre la direction de Facebook.
Le Wall Street Journal a classé ses révélations en enquêtes distinctes. L’une d’elles traite la problématique soulevée par Frances Haugen : les dirigeants de Facebook ont conscience – études à l’appui – de l’impact négatif de leur outil sur la santé mentale des jeunes filles, mais n’en ont pas informé les autorités, et n’ont pas mis en place des mesures pour limiter ces phénomènes. Les chercheurs de Facebook ont mis en évidence le fait qu’une partie des adolescentes utilisatrices d’Instagram sont encore moins à l’aise avec leur corps qu’elles ne l’étaient auparavant.
Un autre segment de l’enquête du Wall Street Journal dévoile l’existence d’un programme nommé « Xcheck », qui a accordé à des millions de politiciens, célébrités et autres utilisateurs un traitement spécial, avec des règles de modération plus souples.
Enfin, les employés de Facebook ont alerté sur la façon dont le site est utilisé dans les pays en développement, où sa base d’utilisateurs est déjà énorme et en expansion. Ils ont signalé des cartels de drogue actifs sur le réseau social, tout comme des cas de traite d’être humains. Mais l’entreprise n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire disparaître totalement ces pages, malgré les signalements de ses employés.
En résumé, « la direction du groupe sait comment rendre Facebook et Instagram plus sûrs, mais elle n’entreprendra pas les changements nécessaires parce qu’ils placent leurs profits astronomiques au-dessus des gens. Une action du Congrès est nécessaire », juge Frances Haugen.