Ces politiques étaient en accord avec le droit international défendu par les Républiques baltes en raison de leur occupation par l’Union soviétique en 1940 et après la Seconde Guerre mondiale, en vertu duquel en Estonie et en Lettonie seuls les citoyens d’avant 1940 et leurs descendants pouvaient prétendre au rétablissement de leur citoyenneté. Tous les autres résidents de ces deux pays devaient passer par une procédure de naturalisation et étaient protégés par les États estonien et letton sans pouvoir voter s’ils ne possédaient pas d’autre citoyenneté (dans le cas des anciens citoyens soviétiques devenus apatrides après la disparition de l’URSS). Le groupe des russophones non citoyens a eu tendance à se réduire depuis 25 ans sous l’effet des politiques d’intégration et il convient de garder à l’esprit que la majorité des russophones sont aujourd’hui des citoyens.
La raison en est probablement l’influence du travail pionnier, mais aujourd’hui discuté, de David Laitin (1998). Ce dernier avait anticipé une large assimilation des russophones en Estonie et en Lettonie, basée sur la nécessité économique d’apprendre la langue nationale et d’interagir avec les cultures locales. Si cette approche avait pour mérite d’intégrer la dimension économique, les tendances à l’assimilation prévue n’ont pas été démontrées par les études suivantes. En effet, la majorité des russophones ont préféré maintenir le bilinguisme plutôt que l’assimilation. Pourtant, ce n’est pas parce que le modèle d’intégration compétitive de Laitin n’a pas eu les effets escomptés que nos approches doivent minimiser les effets complexes des dimensions économiques du processus d’intégration.