Cette journée de grève se traduira par « des baisses de charge (production d'électricité) et l'arrêt des chantiers sur les tranches (réacteurs nucléaires) qui sont en maintenance », selon Arnaud Barlet, secrétaire syndical central CFE-CGC.
Pas de coupures d'électricité à craindre pour les clients, mais un manque à gagner financier pour EDF. Mardi, l'ensemble des salariés de l'électricien historique sont appelés à faire grève, pour inciter la direction du groupe à revenir à la table des négociations sur la question des salaires.
Cette journée de grève se traduira par « des baisses de charge (production d'électricité) et l'arrêt des chantiers sur les tranches (réacteurs nucléaires) qui sont en maintenance », selon Arnaud Barlet, secrétaire syndical central CFE-CGC pour EDF SA. « Les conséquences sont pour les finances de l'entreprise, puisque si on produit moins d'électricité, on vend moins d'électricité, mais ça ne touche pas nos clients », prévient-il d'emblée, excluant l'éventualité de coupures volontaires comme celles qui avaient émaillé la mobilisation contre la réforme des retraites.
La direction d'EDF, interrogée par l'AFP, rappelle d'ailleurs que « si RTE (gestionnaire des lignes haute tension) constate qu'il peut y avoir un déséquilibre en termes d'offre et de demande, il peut demander de remonter la charge d'un réacteur et les salariés sont tenus de le faire ».
Pour Thomas Plancot, secrétaire syndical central CGT, « la colère envers la position de la direction sur les mesures salariales est bien présente ». Les augmentations générales et individuelles accordées par EDF SA permettent « une progression moyenne de 4,14% des salaires pour l'année 2024 », a affirmé la direction, dont des mesures individuelles d'augmentations de +1,5%. Sur ce dernier point, la CFE-CGC réclame 4% et la CGT 2,3%.
La direction a rappelé le « contexte d'endettement élevé du groupe », dont les finances sont plombées par une dette de 65 milliards d'euros, alors qu'il doit faire face à un mur d'investissements, notamment pour mener à bien une vaste relance du nucléaire, comprenant la construction au minimum de six nouveaux réacteurs de type EPR2, voire 14 au total.
Les syndicats soulignent toutefois que la direction du groupe va annoncer des résultats « record » pour l'année 2023. Au premier semestre 2023 déjà, EDF avait renoué avec les bénéfices engrangeant 5,8 milliards d'euros, après une année 2022 catastrophique. Reste à connaître les résultats sur la seconde moitié de l'année, lesquels seront dévoilés le 16 février prochain.
« Sur les niveaux de production en tant que tel, il ne faut pas s'attendre à des chiffres transcendants. Mais les performances industrielles ont surpassé les attentes, ce qui arrive rarement chez EDF », soulignait fin décembre Tristan Kamin, ingénieur en sûreté nucléaire et administrateur de l'association Les voix du nucléaire, à La Tribune.
La centrale nucléaire de Cruas (Ardèche), dont l'un des réacteurs, en maintenance, devait redémarrer cette semaine, est en grève depuis fin décembre. D'autres pourraient suivre mardi, comme celle du Bugey (Ain), mais ces opérations de contrôles ou de maintenance concernent beaucoup moins de centrales que l'an dernier, marqué par un hiver de toutes les craintes sur le plan énergétique.
Le rapport de forces était alors « plus favorable » aux grévistes que cette année, reconnaît M. Plancot. De nombreux arrêts de tranches sont néanmoins prévus au cours du mois de février : « plus le temps va avancer, plus on va avoir de leviers », conclut M. Barlet.