L'arbitrage



C’est ce que pratique la plupart des acteurs économiques, lorsqu’ils sont confrontés à une décision. Celle-ci est le plus souvent prise dans un contexte où des objectifs contradictoires sont présents et des conséquences avantageuses ou néfastes peuvent s’en suivre. Sans compter celles qu’on ne peut anticiper mais qui pourraient bien survenir.


Des décisions à prendre



Il s’agit alors de faire le meilleur compromis possible, en évaluant sur un mode rationnel les coûts induits par la décision face aux avantages qu’elle apporte, tout en intégrant la dimension court terme et moyen ou long terme. Car une décision peut sembler coûteuse à court terme, sauf si elle est prise dans le but d’améliorer la compétitivité à moyen terme. Ce qu’on ne peut mesurer, c’est l’évolution parallèle des concurrents et le contexte dans lequel, à moyen terme, la compétitivité améliorée se mesurera à la concurrence. Un constructeur automobile peut décider d’arrêter un modèle de voiture populaire parce qu’il a une rentabilité faible, en prenant le risque de décevoir des clients satisfaits et fidèles. Mais il fait un pari sur un nouveau modèle qui doit lui permettre de gagner des parts de marché et devancer ses concurrents, tout en augmentant la rentabilité de sa gamme. Il ne sait pas, au moment où il prend sa décision, ce que ses concurrents ont de leur côté prévu de faire à moyen terme. Et il se peut qu’au moment où il sort son nouveau modèle, un concurrent en sorte un qui soit encore plus attractif et détourne une partie de sa clientèle déçue par l’abandon de l’ancien modèle et qu’il espérait reconquérir. L’arbitrage est toujours délicat à réaliser. Certaines conséquences néfastes ne sont pas faciles à assumer. Dans certains cas, il peut sembler plus simple de ne rien faire. Mais l’environnement évolue pendant qu’on est immobile, avec le risque de rester sur le bord de la route.


La "prétention du savoir"



Certains arbitrages peuvent paraître irrationnels. Mais c’est seulement parce que tous les individus ne bénéficient pas nécessairement de la même information lorsqu’ils prennent leurs décisions. Les choix se font en fonction de données nécessairement ’subjectives’, c’est à dire relatives aux informations particulières, et souvent uniques, dont chacun dispose par rapport au monde qui l’entoure. Bien souvent, rien ne permet d’arbitrer entre plusieurs choix quel est celui qui a raison, celui qui est le meilleur. C’est précisément la fonction du marché que de faire émerger entre tous les choix possibles l’arbitrage ultime, celui dont on est en droit de penser qu’il profitera bien au plus grand nombre. La réglementation publique repose au contraire sur l’hypothèse que des experts, grâce à leurs connaissances, et en dehors de toute information générée par la concurrence, pourraient mieux que le marché déterminer ce qui est bon pour les individus. C’est ce que Frederick von Hayek appelle la ’prétention du savoir’. C’est elle qui caractérise ceux qui font des ‘plans’ pour les autres. Et c’est pour cela qu’on ne doit recourir à la réglementation et à la régulation par l’État qu’avec la plus extrême prudence, après s’être livré à une analyse approfondie des avantages et inconvénients.


La valeur ajoutée



En créant ou en transformant la matière, l’artiste, comme l’ouvrier ou le PDG, n’a, consciemment ou inconsciemment, qu’un but : créer par son travail de la valeur. En transformant la matière brute en œuvre d’art, le sculpteur lui donne cette valeur.


Calculer la valeur ajoutée



La formule magique permettant de la calculer a ainsi le grand mérite d’être très simple : elle est égale à la valeur de la production diminuée de la consommation intermédiaire. Mais encore ? Prenons une fabrique de jouets traditionnels en bois. Elle a acheté au cours de l’année des planches, de la peinture et des clous pour un montant total de 300 000 euros. En fin d’année, par l’effet du travail de ses collaborateurs, elle a produit des jouets pour un prix de vente global d’1 million d’euros. La richesse créée par cette entreprise est donc la valeur qu’elle a ajoutée en transformant, comme le sculpteur ou le peintre, la matière brute en produit fini, soit les 700 000 euros correspondant au prix de vente de la production diminuée du coût des planches, peintures et clous. Ce supplément de valeur va, notamment, permettre à l’entreprise de rémunérer ses salariés, de payer son loyer, des frais divers, des taxes, des impôts, d’entretenir et d’acheter de nouvelles machines et de rémunérer le capital investi… Au bout du bout, il lui restera, si elle est bien gérée, un bénéfice.


Son impact sur l'économie



La somme des valeurs ajoutées des entreprises d’un secteur d’activité permet d’évaluer son poids dans l’économe. Et en additionnant les valeurs ajoutées de l’ensemble des entreprises et des administrations d’un pays, auxquelles on rajoute les droits de douane, on obtient… (Bingo !)… le célèbre PIB. L’évolution de ce PIB permet de calculer la croissance économique, autrement dit l’augmentation des biens et services produits par l’économie d’un pays d’une année sur l’autre.


Le PIB : un outil limité de mesure de la croissance



Cependant, le choix du PIB comme outil unique de mesure de la croissance pose quelques problèmes. Il oublie le travail au noir ou la fraude fiscale, cette « économie souterraine » qui peut constituer une part importante du PIB (estimée à 10% aux États-Unis ou 20% en Italie). Il limite les comparaisons internationales puisque les pays n’utilisent pas exactement les mêmes façons de compter les biens et les services.



Enfin, il ne dit rien de la qualité de la production… ou de la vie ! Les économistes ont donc élaboré des indicateurs plus ouverts qui mesurent d’autres critères d’appréciation de la richesse d’un pays, comme l’indicateur de développement humain (IDH) qui combine le PIB par habitant, l’espérance de vie et le taux d’alphabétisation.


La spéculation



Elle consiste à faire des choix qui engagent sur le futur, en anticipant certaines évolutions, et en prenant le risque que ces anticipations ne se réalisent pas. C’est pourquoi le spéculateur attend une rentabilité importante de son engagement, pour rémunérer le risque qu’il prend. Il n’investit pas, il engage des fonds en vue de revendre et de réaliser une plus-value.



De nombreux produits financiers d’achat et de vente à terme, parfois assortis de couvertures destinées à limiter le risque, ont été créés pour répondre à ces recherches de plus-values à court terme. Ils s’échangent sur les places financières. Ainsi, un producteur de blé peut, pour assurer le cours auquel il vendra son blé une fois la récolte terminée, s’engager dans un contrat de vente à terme à un cours fixé. Le contrat coûtera d’autant plus cher que le cours qu’il demande sera élevé par rapport au cours au moment du montage. Face à lui, il ne trouvera pas directement des utilisateurs du blé qu’il produit, mais des opérateurs financiers prêts à souscrire son contrat. D’autant que ces contrats peuvent être revendus avant leur terme d’échéance.


Anticiper les évolutions



Ces spéculateurs qui font des allers-retours favorisent la liquidité sur les marchés. Ce qui leur permet d’être plus efficaces. La spéculation joue un rôle essentiel dans le fonctionnement des mécanismes économiques. C’est elle qui permet de faire l’arbitrage entre le court et le long terme, et d’intégrer dans les choix d’aujourd’hui la prise en compte de certaines anticipations futures. C’est sur elle , bien plus que sur l’action d’experts ’éclairés’, que repose la capacité d’assurer la préservation des ressources les plus rares.



Il est souvent dit que le libre fonctionnement du marché privilégie le présent sur le futur. Il conduirait ainsi à un épuisement plus rapide des ressources. C’est sans compter sur la présence du spéculateur qui, parce qu’il espère en tirer demain un profit, prélève une part des ressources actuellement disponibles pour les conserver dans l’espoir de les revendre plus tard lorsque les prix seront plus élevés.



En agissant ainsi le spéculateur contribue à impacter dans les prix présents la prise en compte des raretés futures. C’est ainsi que le marché intègre l’avenir dans les prises de décision d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’il assure que la société gère l’exploitation de ses ressources non renouvelables de manière ’optimale’ (ni trop vite, ni pas assez vite, juste le bon rythme).


L’économie de marché



Paradoxe : l’économie de marché est aujourd’hui sans concurrence ! Après un long combat, elle a gagné par KO contre le collectivisme et le dirigisme. Même les rares pays qui se réclament encore du communisme, notamment la Chine, sont convertis.



Son principe ? Il est simple, mais a fait ses preuves sous toutes les latitudes : la concurrence permet de produire au moindre coût pour vendre au meilleur prix et satisfaire une part croissante des désirs humains. Le marché est aujourd’hui une réalité universelle : partout, les hommes produisent, échangent, achètent ou vendent en surveillant sur leur marché leurs concurrents pour ne pas perdre leurs clients.



Malgré bien des aléas, l’histoire économique apparait ainsi comme celle de la diffusion progressive des mécanismes de marché à l’ensemble de l’économie mondiale. Sur ce marché planétaire, les capitaux, les biens et services, et, désormais, les salariés sont en situation de concurrence globale. C’est ce progrès qui a permis à un nombre croissant d’êtres humains de bénéficier à leur tour des avantages de la croissance économique.


Un modèle universel



Ce succès de l’économie de marché est souvent mal ressenti par l’opinion. Il incite les entreprises à délocaliser leurs productions afin de tirer avantage des moindres salaires pratiqués dans les économies émergentes. La mise en concurrence des industries avec de nouveaux producteurs lointains réduit la capacité de contrôle des autorités nationales. Elle leur impose de déréglementer pour rétablir une plus grande flexibilité. Les réformes sont la seule voie pour résister à cette nouvelle concurrence dans un cadre d’ouverture des échanges. Ces réformes imposent certains sacrifices, mais la contrepartie est la baisse des prix de maints produits manufacturés, désormais fabriqués là où ils sont moins chers. Tout le monde en profite : le consommateur occidental (qui dispose ainsi davantage de ressources pour faire autre chose, par exemple voyager) et les salariés des pays émergents qui peuvent enfin sortir de l’extrême pauvreté qui était leur sort quotidien. Modèle unique et universel, l’économie de marché condamnerait-elle, au nom du libre échange et de la libre-concurrence, les États à l’impuissance ? Pas nécessairement car cette concurrence a, entre autres paradoxes, besoin de règles pour se développer. Sans institutions politiques, sans la régulation de l’État, l’économie de marché risquerait de s’autodétruire selon un schéma bien connu des économistes. L’absence de contrôles engendrerait la généralisation d’oligopoles qui dicteraient leurs propres lois à leurs concurrents qui disparaitraient progressivement et avec eux l’économie de marché…



Les États-Unis, puis les Européens, l’ont bien compris en promulguant des « lois anti-trust » permettant d’éviter les concentrations d’entreprises jugées abusives car mettant en danger l’économie de marché.



Cependant il faut se garder de pousser cette logique de régulation trop loin, même dans le domaine des pratiques de la concurrence. Si l’économie de marché a besoin de règles pour fonctionner efficacement, ces règles sont d’abord celles du Droit – c’est à dire le respect de notions aussi basiques que l’interdiction de voler, de mentir, d’user de la contrainte pour forcer le consentement d’autrui. Par dessus tout, l’économie de marché repose sur le respect des droits de propriété, une notion indispensable pour assurer la stabilité institutionnelle dont les agents ont besoin pour librement procéder à leurs échanges.



C’est pourquoi il faut rester très prudent dans l’usage du pouvoir de faire et de modifier la loi à des fins réglementaires. L’excès de réglementations, l’overdose réglementaire, peut être aussi nocif que l’absence totale de régulation. C’est une des leçons qu’il est notamment permis de tirer de la récente crise financière. L’économie de marché ne peut apporter tous les bénéfices que les économistes décrivent que si le pouvoir réglementaire de l’État, sa capacité d’exiger des acteurs qu’ils obéissent à un nombre croissant de normes imposées par lui, reste cantonné dans des limites raisonnables. L’abus du pouvoir réglementaire peut tuer l’économie de marché.


La croissance



La croissance est la quête perpétuelle des politiques économiques. Elle est indispensable pour faire face à bon nombre de problèmes économiques et sociaux, celui du chômage en premier.

Elle permet l’élévation du niveau de vie général. La richesse des nations et de ses citoyens en dépend. Sans elle, la marge de manœuvre de l’État pour établir son budget se réduit, comme celle des entreprises pour embaucher ou augmenter leurs salariés … Sans elle, le pouvoir d’achat stagne, les marchés financiers dépriment… Et pire que tout, c’est quand la croissance est dite « négative » ! Une surprenante contradiction désormais couramment employée pour éviter les mots qui font peur : crise économique ou récession.



La croissance d’un pays se mesure à l’évolution de son Produit intérieur brut sur une période donnée : mois, trimestre, semestre ou année. On la calcule à « euro constant », c’est-à-dire en éliminant la hausse des prix. Le critère le plus significatif est la croissance du PIB par habitant. C’est lui qui mesure le degré d’enrichissement réel d’une population.


L'apparition de la croissance



Les leviers de la croissance sont la quantité de travail, la quantité de capital et le progrès technique mis en œuvre dans un pays donné. La croissance est un phénomène relativement récent. Elle prend naissance avec l’apparition de la révolution agricole des 16ème et 17ème siècles, en Angleterre et aux Pays-Bas. C’est la première fois que des pays voient le volume global de leur production augmenter plus vite que leur population, et de manière soutenue, sur une longue période de temps.

Mais elle connait surtout une formidable accélération avec l’émergence de la révolution industrielle, qui date de la fin du XVIII° siècle et qui produit ses premiers effets en Grande Bretagne.



Les croissances à 2 chiffres (supérieures ou égales à 10%) sont exceptionnelles. Il s’agit généralement de pays qui ont un retard important à rattraper, comme par exemple l’Inde (9,6% en 2006) et la Chine (11% en 2006). Ces fortes croissances sont le produit du mouvement de ’mondialisation’ qui, depuis la fin des années 1980, a fait tomber les barrières aux échanges et aux mouvements de capitaux à travers le monde.



Le taux de croissance annuel de la France a été négatif à trois reprises depuis la fin de la seconde guerre mondiale : en 1975 suite au premier choc pétrolier, en 1993 lors de la crise du système monétaire européen et en 2008 et 2009 suite à la crise financière.


Une stagnation en Europe et en France



Grâce à la libération des échanges (qui a presque retrouvé, mais pas encore tout à fait, le niveau d’avant première guerre mondiale), la mondialisation a entraîné une augmentation sensible du taux moyen de croissance dans l’ensemble du monde – sauf en Europe. L’explication tient principalement aux plus grandes rigidités dans l’organisation et la structure de son marché du travail et à l’excès de réglementations qui ont freiné la concurrence.


L’offre et la demande



Souvenons-nous. C’était hier, à la récré. L’offre ? Deux Carambar. La demande ? Une « agate », cette merveilleuse bille translucide et multicolore. Mais que ce soit le troc à l’école primaire ou, plus tard, la revente le 25 décembre d’un cadeau de Noël sur eBay, pour trouver preneur, il faut que la demande existe. Autrement dit, que l’objet de l’offre soit convoité par une autre personne, et qu’il y ait accord sur le prix.

Ce n’est pas tout : si la demande d’un bien est supérieure à son offre, sa valeur d’échange – ou son prix dans la plupart des cas - augmente (si les agates sont rares et fortement prisées, elles vont valoir 3 puis 4 Carambar). Elle diminue dans le cas contraire.



Quand les producteurs vendent une quantité de biens correspondant grosso-modo à la demande globale des consommateurs, il n’y a pas de tension sur le marché et « offreurs » et « demandeurs » arrivent vite à se mettre d’accord sur un prix. Il s’agit d’un « prix d’équilibre » qui maximise les avantages et minimise les inconvénients pour les deux parties.



Quand la demande est supérieure à l’offre, cela fait monter les prix. Mais cela ne dure qu’un temps. Les fabricants, pour répondre aux demandes des vendeurs, vont augmenter leur production, faisant alors baisser le prix qui va progressivement revenir vers son niveau d’équilibre. Cependant, l’ajustement ne se fait pas instantanément.



Pendant ce temps, le détaillant va bénéficier de prix plus élevés. L’inverse est évidemment vrai : si les prix sont trop élevés, personne n’achète, les vendeurs ne vendent rien, les stocks s’accumulent, et les fabricants ne reçoivent aucune commande.



Pour vendre, le détaillant se trouve contraint de proposer des prix plus bas, qui vont relancer les achats. Il va reprendre ses commandes. Progressivement, le prix revient à son niveau d’équilibre entre offre et demande.



Il est rare que l’offre puisse immédiatement faire face à la demande. C’est pour cela que les prix ne sont jamais stables, qu’ils montent et qu’ils baissent. Par exemple quand, en juin, la production de cerises est compromise par une mauvaise météo, l’offre ne peut pas suivre et le prix du kilo de cerises grimpe.



La liberté des prix joue un rôle essentiel dans ces processus d’ajustement. Empêcher le mécanisme de prix de jouer ne peut que freiner la nécessaire adaptation.


La compétitivité



Dans l’art de la guerre économique, la compétitivité est un objectif stratégique. Cette notion n’est pourtant pas le résultat d’une formule arithmétique.

Elle traduit l’aptitude pour une entreprise, un secteur d’activité ou l’ensemble des acteurs économiques d’un pays à faire face à la concurrence. Être compétitif seulement sur les prix de vente permet éventuellement de gagner une bataille, mais pas toujours la guerre. En misant sur la qualité de ses produits ou de ses services, une entreprise accroit sa compétitivité.



De même, ses investissements dans la recherche et le développement engendrent, par la suite, des gains de compétitivité. La capacité d’adaptation aux demandes spécifiques des clients est le plus souvent un atout compétitif décisif. Quand Airbus remporte face à Boeing un important contrat, le prix n’est pas, loin de là, le seul élément qui a joué en sa faveur. Si la compagnie aérienne cliente a finalement choisi l’avionneur européen, c’est souvent parce que ce dernier a mieux répondu au cahier des charges : nombre de sièges pour les passagers, consommation de kérosène…



La compétitivité traduit plus généralement la capacité d’une économie ou d’une entreprise à faire face à la concurrence étrangère. Mais le calcul de l’indice de compétitivité d’un pays se fonde uniquement sur les prix : c’est le rapport entre l’indice prix des importations et l’indice des prix à la production.


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