Le Fonds Monétaire International (FMI) encourage la stabilité financière et prête des fonds en contrepartie de réformes aux pays en crise.
Le Fonds Monétaire International (FMI) est une des institutions financières les plus importantes au niveau mondial. Il a pour mission d’encourager la stabilité financière, la coopération économique, de produire des statistiques et études et de prêter des fonds en contrepartie de réformes aux pays en crise.
Lors d'une crise financière, un État peut se retrouver en situation de manque de liquidités et de ne plus pouvoir honorer le paiement de la charge de sa dette envers ses créanciers internationaux.
Un pays peut aussi être confronté à une sortie importante de capitaux se traduisant par un assèchement de ses réserves en devises, réduisant ainsi sa capacité à importer les produits de l’étranger dont son économie a besoin pour fonctionner correctement.
Dans ce genre de situation, pour éviter qu’un pays ne fasse défaut (c’est-à-dire qu’il ne puisse plus rembourser ses créanciers), le Fonds monétaire international (FMI) lui prête de l’argent le temps que la confiance des investisseurs revienne. Le FMI conditionne toutefois l’obtention de prêts à la mise en place de réformes visant à assurer la soutenabilité des finances publiques et à soutenir la croissance économique à moyen et long terme.
A l’origine, le rôle du FMI était de promouvoir la stabilité monétaire afin de maintenir un contexte favorable à l’essor du commerce mondial tout en accordant des prêts à certains pays en difficultés dans le contexte de la reconstruction d’après-guerre.
Le FMI agissait alors comme le garant du bon fonctionnement du système monétaire de Bretton Woods qui était fondé sur des taux de changes fixes ajustables marginalement. Lorsque certains pays se révélaient incapables de maintenir la valeur de leur monnaie dans la marge de 1 % prévue par les accords de 1944, ils pouvaient recourir à des réajustements monétaires (dévaluations ou réévaluations), avec l’accord préalable du FMI s’ils étaient supérieurs à 10 %.
Pour tenter d’éviter ce genre de situation, le FMI servait d’intermédiaire financier au profit des Etats membres, lesquels sont tenus de lui verser annuellement une « quote-part » dont le montant varie selon la puissance économique du pays, elle-même mesurée par le produit intérieur brut (PIB) et par l'importance de son commerce extérieur.
En cas de déséquilibre de sa balance des paiements risquant de menacer la valeur externe de sa monnaie, chaque pays membre pouvait obtenir automatiquement 25 % de sa quote-part (« droit de tirage »), afin de lui permettre de soutenir sa monnaie nationale en achetant celle-ci sur le marché des changes. Si le FMI le jugeait nécessaire, il pouvait prêter à ce pays jusqu’à 125 % de sa quote-part.
L’octroi de ces crédits était soumis à conditions, le pays demandeur devant s’engager dans une politique d’ajustement conseillée par l’organisation afin de remédier aux causes de la dépréciation de sa monnaie.
Par ailleurs, dans le cadre du système de Bretton Woods, chaque banque centrale nationale s’engageait à échanger, en or ou en dollar, toute somme en monnaie nationale présentée par un détenteur étranger. Mais dans les années soixante, les Etats-Unis financent en grande partie la guerre du Viêtnam et la conquête spatiale en recourant à la création monétaire, ce qui provoque une poussée inflationniste et une perte de confiance dans la devise américaine d’autant plus vive que le stock d’or de la Banque centrale des Etats-Unis - la FED - est devenu très largement insuffisant pour lui permettre de garantir la convertibilité du dollar.
Le 15 août 1971, les Etats-Unis suspendent la convertibilité du dollar américain en or, mettant ainsi fin au système monétaire prévu par les accords de Bretton Woods. Le système de changes fixe disparaît définitivement en mars 1973 et le régime des changes flottants est officiellement adopté par les accords de la Jamaïque de janvier 1976.
Le rôle initial principal du FMI, garantir la stabilité des taux de change dans une marge de 1 %, disparaît alors.
Les droits de tirage spéciaux (DTS) ont été créés par le FMI en 1969 pour soutenir le système de parités fixes de Bretton Woods. Tout pays adhérent au système devait disposer de réserves officielles (avoirs en or de l’Etat ou de la banque centrale et devises largement acceptées), destinées à racheter sa monnaie nationale sur les marchés des changes internationaux, au besoin, pour maintenir son taux de change. Mais l’offre internationale de deux grands avoirs de réserve, l’or et le dollar, s’est révélée insuffisante pour étayer l’expansion du commerce et l’évolution financière auxquelles on assistait alors. La communauté internationale a donc décidé de créer un nouvel avoir de réserve mondial sous les auspices du FMI.
La fin du système monétaire de Bretton Woods et l’instauration d’un système de changes flottants en 1976 a rendu caduc ce rôle premier du DTS. Depuis, il exerce deux fonctions :
Le FMI peut allouer des droits de tirage spéciaux aux pays membres en proportion de leurs quotes-parts respectives. Ces allocations fournissent à chaque pays membre un actif de réserve international gratuit et inconditionnel.
A partir de 1976, le rôle principal du FMI évolue. Il consiste alors à soutenir les pays qui font appel à lui en raison des difficultés financières qu’ils rencontrent en leur octroyant des prêts destinés à garantir leur solvabilité. L’objectif de cette intervention est d’empêcher l’éclatement d’une crise financière et sa contagion à l’ensemble du système financier mondial.
Le FMI joue en quelque sorte le rôle de prêteur de dernier ressort du système financier international et apparaît ainsi comme la « banque centrale des banques centrales et des trésors publics ».
Dans le cadre des prêts qu’il accorde et de par ses statuts, le FMI se doit toutefois de garantir la bonne utilisation des fonds alloués à tel ou tel pays. Les prêts sont en effet financés sur les ressources provenant notamment des quotes-parts des pays membres. Il ne s’agit donc pas seulement de retarder la crise par l’octroi d’une aide monétaire temporaire, mais de profiter du répit pour engager les réformes qui permettront d’assurer la soutenabilité de la dette. Aussi, en contrepartie de son aide financière, le FMI exige des pays qu’il secourt qu’ils adoptent les réformes économiques qu’il préconise. Ces réformes portent le nom de « politiques ou programmes d’ajustement structurel » à la mise en place desquelles les équipes du FMI peuvent apporter une assistance technique et des offres de formation.
La crise financière de 2008 a amené le FMI à revoir ses moyens d’intervention ainsi que ses recommandations de politique économique.
Le FMI a décidé de procéder à un renforcement de ses capacités de prêt grâce à un quadruplement de ses ressources, qui ont été portées à environ 1 000 milliards de dollars en 2013, contre 250 milliards avant la crise. Mais le doublement des quotes-parts adopté à cet effet en 2012 n’est pas encore entré en vigueur (en date d'octobre 2015), si bien que le FMI est tributaire d’accords d’emprunts passés avec certains pays membres dans le cadre des nouveaux accords d’emprunts (NAE, conclus avec 14 pays représentant près de 515 milliards de dollars) ou d’emprunts bilatéraux (35 ont été signés pour un total de 385 milliards de dollars). Décidés en avril 2009, ces accords d’emprunt ont été élargis en 2011. Ils représentent aujourd’hui plus des deux tiers de sa capacité totale de crédit.
Par ailleurs, le FMI a cherché à adapter son offre de prêts aux besoins des pays demandeurs en offrant des crédits de montants plus élevés et en les octroyant plus rapidement. En avril 2009, la ligne de crédit modulable (LCM) a ainsi été créée pour assurer aux pays dont la situation économique est saine un accès aux ressources du FMI en cas d’urgence. La Colombie, le Mexique et la Pologne ont bénéficié de ce nouveau dispositif pour un droit d’accès de 100 milliards de dollars à eux trois, garantie qui leur a permis de s’endetter à des conditions plus favorables sur les marchés financiers internationaux. Le FMI a également mis au point une ligne de précaution et de liquidités (LPL), destinée aux pays dont l’économie, bien que solide, reste exposée à des facteurs de vulnérabilité qui pourraient les exposer à une crise de liquidités (sorties importantes de capitaux) en cas de tensions régionales ou mondiales. En outre, l’aide aux pays les plus pauvres a été renforcée via l’augmentation des ressources spécifiquement dédiées aux pays à faibles revenus.
La conditionnalité du versement des prêts du FMI a également fait l’objet d’une révision à la suite du déclenchement de la crise financière de 2008 dans le sens d’une plus grande souplesse. Désormais, si les réformes structurelles continuent à être exigées, elles ne sont plus systématiquement axées sur les réductions des déficits publics et le resserrement des conditions d’octroi des crédits, mais sont davantage ciblées sur les domaines spécifiques qui apparaissent essentiels pour assurer le redressement économique du pays concerné.
Enfin, le FMI a fait évoluer sa mission traditionnelle de surveillance du système monétaire international de façon à le rendre plus efficace dans la prévention des crises. En 2012, il a ainsi établi une stratégie de surveillance financière destinée à lui permettre de mieux exercer son mandat dans un contexte de forte croissance des flux internationaux de capitaux. En particulier, l’analyse des risques et des effets de contagion que ses équipes d’experts conduisent a été affinée et l’étude des liens entre le secteur financier, l’économie réelle et la stabilité extérieure a été approfondie. De même, dans le cadre des examens des politiques économiques des pays membres, le FMI accorde désormais davantage d’attention aux politiques structurelles, y compris celles qui ont trait au marché du travail. Le FMI a ainsi engagé de nombreuses initiatives visant à renforcer la surveillance macroéconomique et la surveillance du secteur financier, et a développé les outils et les processus qui lui permettent de détecter les risques et les facteurs de vulnérabilité, ainsi que de mettre en garde contre ces derniers.
Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution financière internationale particulière. Elle se distingue en effet des banques de développement (comme la Banque Mondiale) et de la Banque européenne d'investissement par le fait qu’elle ne peut emprunter sur les marchés financiers. Elle ne peut donc compter que sur les pays membres ainsi que sur ses ressources propres pour financer ses interventions.
Par ailleurs, l’organisation du FMI reste encore fortement marquée par la prépondérance des grands pays occidentaux, et plus particulièrement des Etats-Unis, dans les prises de décisions.
Les ressources du FMI comprennent les quotes-parts des pays membres, le stock d’or qu’il détient depuis sa création et les emprunts qu’il est habilité à effectuer auprès des pays membres. Cette dernière source de revenus est au moins aussi importante que les quotes-parts.
Lorsqu’un pays adhère au FMI, il s’engage à le financer à concurrence d’un montant appelé « quote-part » calculé en fonction de divers critères économiques ou financiers du pays qui ont évolué au cours du temps. La formule actuellement en vigueur combine les indicateurs de produit intérieur brut (PIB), le degré d’ouverture de l’économie mesuré par les paiements courants et les flux de capitaux et le montant des réserves officielles de change.
Les quotes-parts se composent de deux tranches : une première tranche correspond à la mise à disposition du FMI, par le pays membre, d’une partie de ses réserves de change. La deuxième tranche est constituée, pour ce même pays membre, de montants libellés en monnaie nationale.
Les quotes-parts sont exprimées en droits de tirage spéciaux (DTS). La somme des quotes-parts de tous les pays membres du FMI atteint 238 milliards de DTS, dont 42,1 milliards pour les Etats-Unis, premier contributeur (soit près de 17,7 % du total). Pour chaque membre, la quote-part représente la limite maximale des sommes qu’il s’engage à mettre à la disposition du FMI pour financer ses opérations.
Toutefois, le FMI ne mobilise qu’une partie seulement de la totalité des quotes-parts disponibles. En effet, celles des pays membres dont la position extérieure n’est pas jugée suffisamment solide ou qui bénéficient de financements du FMI ne sont pas mobilisables.
En outre, pour les 51 pays dont les quotes-parts sont mobilisables, le pourcentage effectivement mobilisé demeure faible puisqu’il se situait en moyenne au 31 mars 2015 à 14,5 %, avec un minimum de 2,2 % pour le Japon, et un maximum de 36,4 % pour les Emirats Arabes Unis. Au final, le montant des quotes-parts mobilisées pour financer les interventions du FMI ne se montaient en mars 2015 qu’à environ 29 milliards de DTS, soit seulement 12 % du stock total des quotes-parts. Par ailleurs, l’encours de crédits accordés par le FMI à septembre 2015 s’élevait à 59 milliards de DTS. Ainsi, les ressources provenant des quotes-parts ne couvrent que la moitié des financements octroyés.
En 1962, le FMI a adopté un « accord global d’emprunts » ou GAB (son acronyme en anglais) qui s’est substitué aux emprunts bilatéraux octroyés par certains pays membres. Cet accord permettait au FMI d’emprunter au total 18,5 milliards de DTS auprès de 11 pays industrialisés, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis. Le GAB a été étendu en 1983 et l’Arabie Saoudite s’est jointe à l’accord pour une mise à disposition de crédits d’1,5 milliard de DTS.
Activé une dizaine de fois depuis sa création, le GAB n’est toutefois plus utilisé par le FMI. En effet, celui-ci y a eu recours pour la dernière fois en 1998.
Les « nouveaux accords d’emprunts » ou NAE (NAB en anglais) ont été proposés en 1995 à la suite de la crise mexicaine de 1994 qui avait soulevé des craintes quant aux capacités de mobilisation financière du FMI face à l’importance croissante des mouvements de capitaux sur les marchés financiers mondiaux. Finalement adoptés début 1997 lors du déclenchement de la crise asiatique avec 34 milliards de DTS mobilisables auprès de 38 membres, les NAE sont effectivement entrés en vigueur en novembre 1998 et furent activés pour la première fois en décembre 1998 au profit du Brésil.
Avec la crise financière de 2008, les ressources des NAE ont été fortement accrues en 2011 pour passer à une enveloppe globale de crédits de 370 milliards de DTS. Le recours effectif à cette source de financement par emprunts auprès de pays membres n’est cependant possible que s’il est autorisé par au moins 85 % des pays participant aux financements puis par le Conseil d’administration du FMI. Ces emprunts, qui portent sur une période maximale de 6 mois renouvelables, ont été activés à neuf reprises depuis avril 2011. A fin juin 2015, leur encours atteignait environ 35 milliards de DTS sur un total de prêts accordés par le FMI de quelque 53 milliards de DTS.
Enfin, à la mi-2012, les pays membres se sont également engagés à augmenter les ressources du FMI par le biais d’accords bilatéraux à concurrence d’un montant de 270 milliards de DTS.
Au total, l’ensemble des ressources mobilisables du FMI se monte donc à environ 840 milliards de DTS, soit près de 1 200 milliards de dollars US au cours du DTS / dollars en septembre 2015.
Le FMI est gouverné par ses 188 pays membres (sur un total de 193 pays membres de l’ONU), chacun ayant une voix pondérée par sa participation financière à l'organisation (sa « quote-part »). Sa gestion courante est toutefois confiée à un conseil d'administration composé d’un président qui est également le directeur général de l’organisation et de 24 administrateurs représentant chacun une nation.
Le conseil des gouverneurs est l'organe de décision suprême du FMI. Il est composé d'un gouverneur et d'un gouverneur suppléant pour chaque pays membre. Le gouverneur est nommé par les pays membres : il s'agit le plus souvent du ministre des Finances ou du dirigeant de la Banque centrale. Le conseil des gouverneurs se réunit une fois par an.
Le conseil des gouverneurs a délégué la plupart de ses pouvoirs au conseil d'administration qui est composé de 24 membres. Cinq administrateurs sont nommés par les pays qui détiennent les cinq quotes-parts les plus élevées (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France et Royaume-Uni) et dix-neuf sont désignés par les 183 autres pays membres.
Le conseil d'administration examine tous les aspects du travail du FMI, des bilans de santé économique établis chaque année par les services de l'institution pour tous les pays membres aux questions de politique économique qui concernent l'ensemble de l'économie mondiale. Compte tenu des modalités de prise de décision au sein du FMI, qui supposent une majorité qualifiée correspondant à 85 % des droits de vote, les Etats-Unis et l'Union européenne dans son ensemble (sachant toutefois que les pays de l'UE ne sont pas toujours coordonnés) disposent de fait d'un droit de veto sur les décisions puisqu'ils détiennent chacun plus de 15 % des droits de vote. Leur approbation est indispensable pour tout accord.
A la fois président du conseil d'administration et chef du personnel d’administration, le directeur général du FMI est assisté de quatre directeurs généraux adjoints. Le directeur général est nommé par le conseil d'administration pour un mandat renouvelable de cinq ans.
Les vingt-quatre administrateurs peuvent proposer la candidature de ressortissants de n'importe quel pays membre de l'institution. Mais dans les faits, depuis sa création, les dix directeurs généraux du FMI qui se sont succédé étaient tous européens. Depuis les accords de Bretton Woods de 1944, un accord tacite a en effet été passé entre Américains et Européens : les premiers dirigent la Banque mondiale, les seconds le FMI.
Durant la décennie 1980, plusieurs pays d’Afrique (dont le Ghana, l’Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe) et d’Amérique latine ont connu des crises d’endettement nécessitant l’intervention du Fonds monétaire international (FMI). A partir des années 1990, la succession des crises financières internationales (crise asiatique en 1997, crise russe en 1998) amène le FMI à jouer de plus en plus le rôle de « prêteur de dernier ressort » au niveau mondial.
Tour d’horizon des principales interventions du FMI lors de la survenue des crises financières à partir du début des années 1980.
En 1981, le cours du pétrole chute fortement entrainant une baisse sensible des recettes issues des exportations du Mexique. L'économie du pays, qui dépend largement de ces exportations de pétrole, se contracte. Les recettes fiscales diminuent alors que les déficits accumulés depuis le milieu des années 70 ne cessent de se creuser.
Le 22 août 1982, incapable de faire face à l’échéance de fin de mois du paiement de sa dette, le Mexique réclame un moratoire de six mois à ses créanciers. La dette totale du pays s'élève à 86 milliards de dollars soit 70 % de son produit intérieur brut (PIB). Elle est essentiellement détenue par des banques étrangères.
Le FMI et la Banque des règlements internationaux (BRI) acceptent de prêter huit milliards de dollars en urgence à une double condition que :
Le Mexique accepte, dévalue sa monnaie, augmente les taux d'intérêts, réduit les dépenses publiques et sauve les banques privées du pays de la faillite en les nationalisant.
En décembre 1994, les autorités mexicaines dévaluent leur monnaie, le peso, entraînant une fuite des capitaux qui déstabilise gravement la devise mexicaine et provoque une crise économique dans le pays. Le FMI intervient et accorde un prêt d’un montant de 18 milliards de dollars.
Au début de l’année 1997, l’éclatement de la bulle financière en Thaïlande provoque la chute de la bourse et la fuite des capitaux du pays. En réaction, les autorités thaïlandaises décident de laisser flotter leur monnaie qui jusque-là était arrimée au dollar américain. Cette décision amène les spéculateurs à attaquer les autres devises des pays asiatiques qui sont rattachées au dollar américain (Philippines, Malaisie et Indonésie). En l’absence d’intervention immédiate du Trésor américain et du FMI, la défiance des investisseurs à l’égard de l’ensemble des devises des pays du Sud-Est asiatique se propage. La Corée du Sud, Singapour, Taïwan et Hong Kong sont touchés à leur tour. Les fuites de capitaux s’accélèrent et les économies des pays asiatiques tombent en récession en raison de la succession de faillites bancaires et de grandes entreprises qui s’étaient endettées en dollars. Le FMI intervient après plusieurs mois de crise. Il accorde des prêts pour un montant total de 37 milliards de dollars à la Thaïlande, à la Corée du Sud, à l’Indonésie et aux Philippines.
Après le déclenchement de la crise asiatique, l’économie russe a souffert à la fois de la moindre demande de matière premières en liaison avec le ralentissement économique mondial, et d’une surévaluation du rouble - laquelle était due à des taux d’intérêt fixés à un niveau élevé pour lutter contre l’inflation - qui pénalisait la compétitivité des produits du pays. Dans ce contexte, les recettes fiscales, déjà insuffisantes, se sont amoindries et une situation d’impasse budgétaire est apparue. Le FMI (prêt de 22,6 milliards de dollars) et la Banque mondiale intervinrent pour prêter à la Russie, mais ces interventions provoquèrent la défiance des investisseurs internationaux et une fuite de capitaux. Les autorités réagirent en dévaluant le rouble et en déclarant leur pays en défaut de paiement sur sa dette.
L’impact de la crise asiatique se répercute au Brésil à partir d’octobre 1997 et s’accentue au cours de l’année 1998. La fuite des capitaux qui s’ensuit amenuise les réserves du pays, obligeant le gouvernement à dévaluer le réal en janvier 1999. Au préalable, le FMI avait accordé un plan de sauvetage de 41,5 milliards de dollars en décembre 1998.
La Banque centrale turque intervient pour éviter la faillite de plusieurs banques affectées par la baisse brutale du marché des bons du Trésor, elle-même provoquée par des ventes massives de la part de la Demirbank qui se trouvait à court de liquidités. Cette intervention a suscité des craintes des investisseurs internationaux quant à la solidité du système bancaire turc et les sorties de capitaux se sont accélérées, poussant les autorités à demander l’assistance du FMI qui lui a consenti une aide de 11 milliards de dollars.
À compter du 1er janvier 1992, la valeur externe du peso est alignée sur celle du dollar américain de façon à lutter contre l’hyper inflation et l'Etat ne peut plus recourir aux avances de la Banque centrale pour financer son déficit. Les résultats sont immédiats : le taux d'inflation passe sous 10 % en 1992 et la croissance du produit intérieur brut (PIB) dépasse 10 % en 1991 et 1992, et reste très forte jusqu’en 1998. Le système de change choisi est favorable tant que le dollar ne s'apprécie pas par rapport aux monnaies des pays avec lesquels l'Argentine commerce. Mais la brutale remontée du dollar en 1998, à la suite du déclenchement de la crise asiatique, ébranle l’économie argentine.
La dévaluation soudaine du réal brésilien en janvier 1999 et la montée constante du dollar provoquent rapidement un effondrement des exportations. L'Argentine est entraînée dans la déflation car les stocks des entreprises se gonflent et l’activité se contracte. Le gouvernement fait alors appel au FMI qui lui prête 21,6 milliards de dollars.
En arrivant au pouvoir en octobre 2009, le Premier ministre Georges Papandreou découvre un déficit public de 12,9 % et une dette publique équivalant à 115 % du PIB, niveaux qui se situent bien au-delà des critères de convergence exigés pour les pays membres de la zone euro mais qui jusqu’alors avaient été masqués par les autorités grecques. Ce décalage est le résultat d'une fraude fiscale massive, d'une économie souterraine qui représente un cinquième du PIB, de dépenses publiques bien supérieures aux moyens de l'Etat. L'exécutif s'engage à ramener son déficit public à 8,7 % pour fin 2010 mais peine à convaincre ses partenaires européens. Afin d’éviter le défaut de paiement sur sa dette, Athènes doit se tourner vers l'Union européenne et le FMI. Ceux-ci accordent à la Grèce en mai 2010 une aide financière de 110 milliards d’euros sur trois ans, dont 30 milliards de la part du FMI (seuls 20 milliards seront utilisés).
En mai 2011, il apparaît que la Grèce ne pourra pas emprunter sur les marchés en 2012 et que de nouveaux financements doivent être trouvés. En effet, le pays n'arrive pas à réduire la fraude fiscale et voit sa récession aggravée par l'austérité. Les Européens et le FMI qui redoutent qu'un défaut de la Grèce ne vienne provoquer une nouvelle tourmente financière sont prêts à venir en aide au pays. Le FMI accorde un nouveau programme de prêts allant jusqu’à 28 milliards d’euros sur 4 ans.
Le Portugal a vu ses taux d'emprunt augmenter à la suite de la dégradation de la note de sa dette souveraine par les agences de notation. En 2010, la dette extérieure (privée et publique) du pays atteint un niveau élevé (93 % du PIB) et son déficit public se monte à 9,8 % du PIB. Eprouvant des difficultés croissantes à se financer sur les marchés internationaux, le gouvernement portugais trouve, le 17 mai 2011, un accord avec l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI pour un programme d’aide de 78 milliards d’euros. Dans ce cadre, le FMI lui accordera des prêts d’un montant total de 26 milliards d’euros environ entre 2011 et 2014.