C’est un fait, la croyance en la possibilité d’une croissance infinie dans un monde fini ainsi que la promotion de la consommation comme mode de vie conduisent l’humanité dans une impasse. Le dépassement récent d’une sixième limite planétaire sur un total de neuf en témoigne d’ailleurs.
En parallèle, plusieurs conflits géopolitiques charrient leur lot d’instabilité et d’incertitudes quant à la faculté des pays riches à conserver le même niveau de confort à court terme.
Pour ne pas subir une abrupte mise au pas, il est donc nécessaire de décélérer et de préserver les ressources autant que l’environnement. Cela passe par une transition énergétique planifiée intégrant, notamment, une démarche de sobriété.
Qu’est-ce que la sobriété énergétique et pourquoi est-elle cruciale pour nos sociétés ? Comment la pratiquer au quotidien ? Suivez le guide !
La sobriété énergétique (du latin sobrietas pour “modération”) qualifie la diminution des consommations d’énergie réalisée grâce à un changement de mode de vie volontaire et planifié, au niveau individuel ou collectif. L'objectif de la sobriété énergétique est de préserver les ressources (énergies, eau, matériaux, terres) tout en permettant l’accès à des conditions de vie décentes pour tous.
L’association française négaWatt, qui fédère des experts de l’énergie et élabore des scénarios dans le cadre de la transition énergétique, a mis en lumière cinq formes de sobriété :
La sobriété énergétique est un élément essentiel de la transition énergétique et en constitue même l’un des piliers au niveau national aux côtés de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Et l’enjeu est de taille puisqu’elle devrait permettre de réduire de 28 % nos consommations d’énergie en 2050 par rapport à 2015, toujours d’après négaWatt.
Notons qu’une différence claire est ici réalisée entre sobriété et efficacité. À juste titre puisque le gain d’efficacité énergétique observé par exemple dans l’aérien grâce aux avions plus performants ne doit pas se traduire par une augmentation du nombre de trajets. C’est pourtant la direction que semble prendre le secteur avec un possible doublement du trafic en 2030 par rapport à 2010, sujet que nous abordions déjà dans notre article sur le flygskam au travers du fameux “effet rebond”.
Enfin, si la sobriété énergétique planifiée constitue un idéal à atteindre, précisons qu’une forme subie de la sobriété existe déjà chez les populations pauvres qui, par urgence économique, ne sont pas en capacité de chauffer leur logement (précarité énergétique), d’accéder à une offre de transport (précarité mobilité) ou même de manger à leur faim (précarité alimentaire).
Les pays développés se sont construits en grande partie grâce à des ressources énergétiques abondantes et peu chères, entraînant surconsommation, gaspillage et pollution dont les conséquences sont aujourd’hui documentées : dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, conflits d’accès aux ressources…
De premières secousses ont toutefois été ressenties durant les chocs pétroliers de 1973 et 1979, accompagnées de mesures de prévention du gaspillage. Mais c’est l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 qui a réellement mis en évidence la dépendance de la France au gaz, exacerbée par un fonctionnement ralenti du parc nucléaire.
Si la sobriété énergétique n’est donc plus un sujet nouveau, elle est néanmoins toujours entourée d’idées reçues. Ainsi, elle est encore synonyme pour certains d’une perte de confort constituant une forme de régression, voire de “décroissance”. À cela, une organisation telle que le Shift Project a apporté une réponse claire dans son rapport “L’Emploi : moteur de la transformation bas carbone”. Celui-ci table en effet sur “une croissance nette de la demande de main-d’œuvre de l’ordre de 300 000 emplois à horizon 2050”, grâce à l’essor des mobilités douces, de l’alimentation végétale et du tourisme de proximité, à la réindustrialisation ou à la relocalisation.
Mais il serait faux de penser que la sobriété énergétique nous concerne tous à la même échelle. Parce que la responsabilité des plus aisés dans le dérèglement climatique a déjà été largement étudiée, la sobriété énergétique se positionne également comme une démarche de justice sociale afin de permettre à ceux qui n’ont pas assez d’accéder à davantage (et vice versa).
La sobriété énergétique concerne (presque) tout le monde, à titre individuel ET collectif. D’ailleurs, faire reposer cette responsabilité sur les seuls individus est au mieux naïf, au pire une méthode un tantinet cynique de différer l’inéluctable en contournant le problème.
Comme vous l’aurez donc compris, la sobriété énergétique nécessitera la participation de toutes et tous, notamment :
Le Shift Project, encore lui, a d’ailleurs fourni un travail exhaustif par secteur d’activité dans le cadre de son Plan de transformation de l'économie française (PTEF).
Pressurisée par la guerre en Ukraine, la France a lancé son plan national de sobriété énergétique en 2022 dans l’optique d’anticiper tout d’abord de possibles pénuries durant l’hiver 2022/2023 et de diminuer ensuite de 10% la consommation énergétique en 2024 par rapport à 2019.
Réalisé en concertation avec plusieurs fédérations professionnelles, ce plan concerne l'État et les services publics bien sûr mais également les entreprises du numérique, du tourisme, du commerce ou de l’artisanat, le secteur immobilier, le transport ou encore l’industrie.
Il contient des mesures aussi diverses que la réduction de la consommation d’électricité liée à l’éclairage public, la réduction du chauffage des équipements sportifs, l’incitation au covoiturage et au télétravail en entreprise ou la mise en place d’un bonus sobriété à destination des ménages maîtrisant leur consommation.
Si les entreprises et l’administration ont un rôle déterminant dans le succès de la mise en œuvre d’une démarche de sobriété énergétique ambitieuse, les particuliers ont tout de même leur part de responsabilité.
Vous souhaitez évoluer à titre individuel vers un mode de vie moins énergivore ? Comme nous l’évoquions déjà dans notre dossier sur les low-tech, il est impératif de faire le distinguo entre besoins essentiels et besoins superflus pour définir ce que l’on est prêt à abandonner et ce que l’on ne peut concéder.
Ce travail est aussi nécessaire pour réaliser que rien n’est sans conséquence et que ce qui pouvait être considéré hier comme un luxe est aujourd’hui souvent perçu comme un dû (exemple : manger de la viande tous les jours).
Voici de premières pistes pour pratiquer la sobriété énergétique au quotidien :
DOUBLE COMPÉTENCE
TITRES RNCP RECONNUS PAR L'ÉTAT
ALTERNANCE POSSIBLE DÈS LA 3e ANNÉE